Alors que le Togo s’apprête à relancer en 2025 sa Foire Made in Togo, une initiative destinée à promouvoir la consommation locale, le contraste avec son voisin burkinabè est saisissant. Là où les produits togolais peinent à convaincre les consommateurs, à commencer par les autorités elles-mêmes, le Burkina Faso donne une leçon d’identité culturelle et de patriotisme économique.
La scène s’est jouée en plein cœur du Marché International de l’Artisanat du Togo (MIATO), sur le site de Togo 2000. Les officiels burkinabè, en tête de délégation, ont marqué les esprits non seulement par leur présence, mais surtout par leur tenue. Tous portaient fièrement le célèbre pagne tissé « Mon Faso Dan Fani », symbole de l’artisanat national burkinabè, élevé au rang d’uniforme d’État. « Je suis fier de porter Mon Faso Dan Fani, avec élégance », a lancé le ministre burkinabè de la Communication et de la Culture, dès l’entame de son discours à l’ouverture du MIATO (notre marché).
À ses côtés, les autorités togolaises arboraient, elles, des costumes importés d’Italie ou de Turquie. Une dissonance flagrante lors d’un événement censé célébrer le savoir-faire local. Le décalage s’est encore accentué lors d’un panel organisé toujours dans le cadre du MIATO : tous les représentants burkinabè portaient le pagne national, pendant que leurs homologues togolais se présentaient en tenues occidentales, sans aucune note locale visible.
L’un des intervenants burkinabè n’a pas manqué de faire un rappel qui a tout son sens. Selon lui, au Burkina Faso, il est impossible pour un ministre d’assister à un conseil des ministres sans être habillé en tenue traditionnelle. « Quand vous êtes une autorité et que vous portez une marque locale, le peuple qui vous regarde est fier de vous et veut vous ressembler », a-t-il déclaré, insistant sur le fait que la réussite des produits locaux dépend d’une implication collective, à commencer par l’exemplarité des dirigeants.
Cette claque symbolique a-t-elle fait réagir les autorités togolaises ?
En tout cas, le Burkina Faso a donné une leçon de fierté culturelle au Togo et qui a fait réagir le sommet de l’Etat à travers le ministère en charge du commerce, de l’artisanat et de la consommation locale.
Quelques jours après ces faits, le ministre togolais du Commerce, de l’Artisanat et de la Consommation locale, Rose Kayi-Mivedor, a publié un communiqué pour rappeler aux ministres, directeurs et chefs de service l’existence de la lettre circulaire N°002/20/PM/CAB du 07 octobre 2020. Celle-ci recommandait déjà l’usage prioritaire des produits locaux lors des célébrations officielles ou pauses-café dans l’administration. Une directive restée ignorée jusqu’ici.
Le Togo dispose pourtant d’un riche patrimoine textile et artisanal. Mais tant que ses dirigeants n’en feront pas une fierté visible, il sera difficile d’espérer une adhésion populaire. Le Burkina Faso, quant à lui, montre qu’il ne suffit pas d’organiser des foires ou de lancer des slogans, mais il faut incarner l’exemple.