C’est un nouveau coup dur pour la démocratie guinéenne. Le paysage politique de ce pays ouest-africain subit une énième équation énigme. Le 29 octobre dernier, la junte militaire au pouvoir a opéré un nettoyage du paysage politique. Mamady Doumbouya, promu au grade de Général d’armée, continue d’imposer des restrictions sévères aux formations politiques, affaiblissant une démocratie qui semblait déjà vaciller. Cette décision met en lumière un durcissement du régime en place et qui met en péril les principes fondamentaux de pluralisme dans la gestion de la cité. Sous la demande de l’homme fort de Conakry a, le ministère en charge de l’administration territoriale a procédé à une mission d’évaluation nationale des partis politiques. Les résultats de cette mission font froid au dos. 53 partis ont été purement et simplement dissous, environ 50 autres suspendus pour trois mois, et 67 formations placées sous surveillance jusqu’au 29 janvier, alors que le délai de fin de la transition est prévu au 31 décembre 2024 , en accord avec la CEDEAO.
Les récentes actions du ministère de l’Administration territoriale, sous l’autorité de Mamadi Doumbouya, font montre d’un recul démocratique en Guinée. Une mission d’évaluation nationale commandée entre juin et septembre a conduit à un examen rigoureux des 211 partis politiques présents sur la scène guinéenne. Les résultats sont sans appel : 53 partis ont été purement et simplement dissous, environ 50 autres suspendus pour trois mois, et 67 formations placées sous surveillance jusqu’au 29 janvier. Selon les autorités, ces décisions seraient justifiées par des « manquements graves » aux règles en vigueur, notamment les règles relatives au financement du parti.
Le manque de transparence financière semble être au cœur des critiques formulées par le Gouvernement. Les partis politiques sont accusés de ne pas justifier clairement leurs sources de financement, ce qui pourrait masquer des financements douteux ou non conformes. « Les partis politiques font preuve de peu de transparence sur l’origine de leurs sources de financement », explique le ministère . Ce constat est renforcé par des chiffres troublants : moins d’un quart des partis possédant une autorisation officielle ont pu fournir des registres financiers complets, et un tiers de ces mêmes partis n’a même pas de compte bancaire. Plus alarmant encore, 75 % des partis n’ont fourni aucun relevé bancaire, tandis que rares sont ceux qui tiennent une comptabilité en règle. Cependant, ces manquements seuls suffisent-Ils pour justifier ces peines infligées aux partis politiques à quelques semaines de la fin de la transition ?
Un recul de la démocratie déjà à l’agonie
Cette récente décision vient s’ajouter à une série de décisions répressives prises par le régime militaire installé depuis 2021. Ce qui alimente l’inquiétude des observateurs nationaux et internationaux. En ciblant les partis politiques, piliers essentiels de la représentation citoyenne et de la pluralité politique, le Gouvernement semble s’éloigner davantage des promesses de transition démocratique annoncées au lendemain du putsch.
Doumbouya se mue en dictature ?
L’affaiblissement du multipartisme guinéen sous Mamady Doumbouya pose une question fondamentale : Peut-on encore parler de démocratie en Guinée ? Les récents événements suggèrent un cadre politique où la liberté d’expression et d’association est restreinte, et où la voix des citoyens est progressivement étouffée. Ce contexte appelle à une vigilance accrue des acteurs de la société civile et de la communauté internationale pour empêcher l’autoritarisme . La démocratie guinéenne, déjà affaiblie, semble aujourd’hui plus que jamais à l’agonie, sous la junte militaire.
Des vives critiques
Alors que le délai consacré avec la CEDEAO pour l’organisation des élections est fixée le 31 décembre 2024 , le pouvoir de Doumbouya semble trouver des justifications pour prolonger sa mandature. Ce qui suscite des vives critiques au sein de la classe politique.
L’ancien premier Ministre, Sidya Touré et son parti Union des Forces Républicaine (UFF) qualifie de « ridicule » cette décision qui intervient à deux (02) mois de la fin officielle de la transition militaire. Son porte-parole , Fodé Baldé qualifie de «ridicule», le fait que les partis politiques qui depuis le début de cette transition exigent le retour de l’ordre constitutionnel pendant trois mois, soient mis sous observation. Pour lui, les autorités militaires veulent les emmener à cautionner un glissement qu’il juge « inacceptable » du calendrier de la transition. « On veut emmener les partis politiques qui ont demandé le retour à l’ordre constitutionnel à contribuer à un glissement du calendrier de la transition. Nous allons nous opposer par tous les moyens légaux », a-t-il affirmé.
Pour le Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG) de l’ancien président déchu Alpha Condé, il s’agit d’une « diversion ». Il estime qu’il fallait plutôt évaluer les 10 points du chronogramme de la transition. L’ancien ministre et porte-parole de cette formation, Marc Yombouno a déclaré : « Le ministère est l’acteur principal pour la mise en œuvre de ce chronogramme des dix points, aujourd’hui, à quelques mois de la fin de ce chronogramme, on devrait être là à évaluer ce qui a été fait. Mais, si on laisse ça pour se mettre à sortir des regards des activités qui va dans le sens d’amener ces partis à se performer, on n’en voit pas l’importance ».
Il faut préciser que Mamady Doumbouya a été récemment élevé au rang de Général d’armée.
El bicho