Les rites et cérémonies traditionnelles ont été tenu ce jeudi 06 juillet un peu partout à travers tout le Togo conformément au chronogramme établi par le Haut Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale (HCRRUN).
Que ce soit à la berge de la lagune de Bè, à Agoè-carrefour Leader Price, Totsi,… où notre journal a pu dépêcher des reporters, ces cérémonies entrant dans le cadre de la purification du Togo ont été manifestes et ont consisté à faire des libations et invoqué les vaudous protecteurs et les mânes des ancêtres.
D’après le prêtre traditionnel Toboko Prosper Azui, ces cérémonies vont calmer les âmes errantes des Togolais dont le sang a été versé au cours des différents troubles sociopolitiques.
Les Avessi pour leur part ont aussi procédé à des cérémonies de purification à travers une décoction composée d’eau dans laquelle sont imbibées des herbes dont elles seules connaissent le secret.
Ces diverses cérémonies ont eu lieu en présence de plusieurs personnalités dont Awa Nana-Daboya, la présidente du Haut-commissariat à la réconciliation et au renforcement de l’unité nationale (HCRRUN) et le contre-amiral Fogan Adégnon, président de la Délégation spéciale de la commune de Lomé, des chefs traditionnels pour ce qui est de Lomé.
Elles se poursuivent à Lomé ce vendredi par les prières musulmanes à la grande mosquée et devraient prendre fin le dimanche prochain avec les pasteurs et prêtres des églises protestante et catholique.
Mais à l’heure où certains oracles parlent de promesses non tenues, certains acteurs de comédie, et une partie de l’opinion fait part de son indifférence et pessimisme, l’on est en droit de s’interroger sur le vrai sens de ces cérémonies de purification du Togo.
L’interrogation devient plus légitime d’autant qu’il y a eu au cours de cette première grande journée de purification, d’effarants contrastes entre les rites et cérémonies faites avec la réalité des choses.
D’une manière globale, quelque soit la religion, une cérémonie de purification suppose une situation initiale tranquille perturbée par des méfaits contre nature et qu’il faut incessamment purifier. Cette cérémonie qui doit laver ces méfaits est donc nécessairement précédée d’une confession de l’auteur des méfaits, de ses excuses et de sa prise d’un sincère engagement de ne plus s’y adonner.
Au Togo, les méfaits contre nature ont été constatés par la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR). Les auteurs sont connus de tous mais nient les faits à eux reprochés et ne montrent aucune volonté de repentance ni ne donnent de garantie de non répétition. Par quelle alchimie spirituelle ces cérémonies auront l’effet escompté?
Que faut-il comprendre de la tenue de ces cérémonies en l’absence du premier responsable du pays, qui doit sonner le glas de la volonté de changement ? Les morts et victimes des violences sociopolitiques l’étaient pour une cause : celle de la non violence, des élections transparentes et démocratiques, des réformes constitutionnelles et institutionnelles, de la justice sociale, de l’égalité de chance devant l’emploi, de l’amélioration des conditions de vies et de travail.
En quoi est-ce que les âmes de ces défunts qui réclament justice aujourd’hui, seront apaisées si des efforts ne sont pas faits allant dans le sens de la cause pour laquelle ils se sont sacrifiés ?
Quel autre message veut-on passer ou quel signal veut-on donner quand on fait la promotion des bourreaux présumés en marge de ce processus de réconciliation ?
Le vin est tiré, à chacun d’en faire ce qu’il veut. Pour notre part, nous sommes en droit de penser à une réconciliation taillée sur mesure caractérisée par un chronogramme à pas de charge.
Démocrate
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