Paiement des indemnités de fonctionnement annuel aux chefs cantons
La Chefferie traditionnelle au Togo a perdu son essence et toute crédibilité. Ainsi pour être porté à la tête d’un village ou d’un canton, il faut avoir servi le pouvoir du prince. Ceci contre toutes les dispositions coutumières. La dernière trouvaille c’est ce décret portant nomination des chefs canton avec une indemnité annuelle dérisoire de 264600 FCFA représentant les frais de fonction annuel. Ce qui s’apparente à une chosification de la chefferie traditionnelle de ce métier noble , les réduisant ainsi la mendicité et versent dans la vente des domaines de l’Etat.
La chefferie est dévaluée au Togo. Ainsi pour régner sur un trône , il faut avoir servi le pouvoir avec zèle bref être un activiste. Ce qui te donne une place au soleil. Une fois au pouvoir , ils se rendent compte de la perplexité de la tache et versent dans des actes ignobles entre autres la vente des terrains. C’est aussi normal puisque ces têtes couronnées perçoivent en moyenne 22000 FCFA par mois et selon au nom de l’accointance qu’il y a entre ces derniers et le pouvoir. Ce qui est visible sur le décret portant nomination des ces chefs cantons qui laissent entrevoir que certains gagnent plus que d’autres. Quant aux chefs de village , ils sont pis et n’ont aucun privilège. Ils sont plus affamés et tirent les assiettes dans les lieux publics et à des manifestations publiques.
Il faut aller sur le terrain pour voir à quoi rime ces chefs traditionnels , nombreux sont ceux qui ont perdu toute autorité et sont incapables de tuer une mouche. Aucun respect des sujets qui la plupart des temps sont prêts à en découdre avec eux. Les exemples sont légions. Des chefs de village qui n’ont aucune autorité et partage le verre avec les sujets , on n’en compte par centaine.
Pour la petite histoire , certains parmi eux fassent l’aller-retour de la prison civile de Lomé. Puisqu’ils ont fait de la double vente un métier. Les domaines de l’Etat constituent leur propriété privée ceci avec la complicité de certains agents véreux des préfectures et du plan.
Ce qui fait qu’aux yeux du pouvoir , ces partenaires de la décentralisation ont perdu toute crédibilité ont ne jouent que le rôle de marionnette. Là , ils sont le plus utiles c’est aux cérémonies d’inauguration ou à des manifestations qui chantent la gloire du Prince. La marche de soutien organisée par ceux d’Agoe la dernière fois est assez évocateur.
Au lieu de s’en tenir rigoureusement au travail qui leur est dévolu , ces garants des Us et coutumes ont perdu toute autorité et s’illustrent négativement à travers des jugements baisés basé sur la politique du plus offrant.
Jadis , être chef traditionnel , est une histoire de fierté et respect des dispositions coutumières. Un chef traditionnel est quelqu’un qui se réserve et par ricochet le plus sage du village. Ils se font entourer des personnes qui lui ressemble et son prêts à rendre justice à tout sujet victime d’un acte d’injustice. Ils ont la bénédiction des ancêtres et sont craints. Ils se mêlent guère à la politique.
Mais aujourd’hui , ils sont pour la plupart au coté de l’oppresseur et enfonçant davantage le peuple martyrisé. Les élections dans les contrées les plus reculées de notre pays , nous mettent en face de la réalité. Pour un bol de riz et de mais , en bonus un T-shirt à l’effigie de « Miabé » , les chefs se transforment en militant et imposent le choix à leurs sujets . Ceux qui opposent leur refus sont souvent trainés et subissent des intimidations de toute sorte.
Le projet portant allocation de 264600 F annuel initié par le pouvoir est une insulte à l’intelligence et à l’autorité de ces garants des Us et Coutumes qui méritent mieux que ça.
Qu’est-ce que 264600 FCFA peuvent faire annuellement aux dépenses de fonctionnement annuel d’un canton comme Kovié? Les nombreux dépenses d’aménagement de ces lieux ne dépassent-elles pas cet enveloppe? Pourquoi donc résignés ces hommes qui sous d’autres cieux sont vénérés à la mendicité? Un tour en Cote d’Ivoire et au Burkina même au Ghana voisin , nous montre la valeur et l’importance que revêtent ces chefs traditionnels qui sont même écoutés par l’exécutif qui se plie à leurs décisions. Mais au Togo ,un Etat anormal c’est tout l’inverse.
Ils payent le prix de leur manque de maturité et d’inconstance dans la lutte pour la démocratie et sont prêts à faire la courbette devant un ministre de la république. L’autre pan de la chose c’est ce projet E-village initié par le chef de l’Etat. Un projet qui a permi aux chefs du village de recevoir un téléphone portable de moindre cout et un crédit de communication mensuel de 1000 FCFA. Ce qui se révèle comme une insulte. Sinon comment comprendre que pour un projet pareil , l’on puisse octroyer un crédit de communication de 1000 FCFA. si ce n’est que de la poudre aux yeux , de la diversion. Ce qui montre clairement le refus du pouvoir à s’intéresser aux questions de réformes et préfère en faire un jeu de cache-cache.
Une rencontre avec le chef de l’Etat en mars dernier à la présidence de la république montre un peu le loge auquel , ils sont classés. Une rencontre initiée brusquement et sur la pointe des pieds ,on fait appel aux chefs de descendre le lendemain. Quel respect le PR a t-il envers eux? Sous d’autres cieux , c’est le chef de l’Etat qui devrait se déplacer pour porter le projet vers eux. Malheureusement il a soumis les chefs à une longue attente avant de délivrer son message et n’a même pas attendu l’appréciation de l’interlocuteur ce qui fait honte et pousse vers la réflexion de repenser la chefferie traditionnelle au Togo.
Mathey A.
