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Interview de Me Bertin Amégah-Atsyon, Président de NDH-TOGO: « Il y a un temps pour la guerre et un temps pour la paix. Mais le temps pour la paix passe par un dialogue ferme et sincère »

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Me Bertin depuis le 19 Août 2017 le peuple togolais est en proie à une crise socio politique qui a causé d’énormes dégâts notamment des pertes en vies humaines, des dégâts matériels et l’exode de plusieurs togolais de la région septentrionale victimes de répression. En tant que défenseur des Droits de l’homme, quel est votre regard sur ce feuilleton inquiétant ?

D’abord, permettez-moi de m’incliner devant la mémoire de mes sœurs et frères civils ou militaires qui ont dû payer de leur vie le lourd tribu d’une démocratie balbutiante sur la terre de nos aïeux. Que leur âme repose en paix.

Quand aux blessés se trouvant dans les rangs des manifestations ou des forces de défense et de sécurité, NDH-TOGO par ma modeste personne leur souhaite prompt rétablissement.

S’agissant aussi des togolais natifs de Tchaoudjo, de Bafilo ou de Mango militants de l’UNIR ou de l’opposition dont les domiciles ont été mis à sac et incendiés, NDH-TOGO leur témoigne sa solidarité.

Maintenant pour répondre à votre question, je dirai sans langue de bois que le radicalisme et l’extrémisme des uns et le conservatisme,  l’arrogance des autres sont les éléments catalyseurs de l’escalade de la violence que nous connaissons.

Bref, les signataires de l’accord politique global ont trop dormi sur leurs laurriers. On aurait pu faire le reliquat des reformes prévues par l’APG et l’on en arriverait pas là. Pour le pouvoir en place lorsque je me situe sur un terrain politique je me dis qu’il n’a pas trop à se gêner devant une opposition naguère hétéroclite divisée, amie le matin, ennemi le soir. Bref retenez que si depuis 11 ans, on a pas passé le temps à jouer au malin et au chrono quelque soit le bord politique au nom des intérêts personnels, partisans et égoïstes, c’est normal que  le Togo soit dans cette crise.

A vous entendre on a l’impression que vous faites la part belle au pouvoir en indexant plutôt l’opposition ?

Vous parlez de quelle opposition ? Moi j’en dénombre 4 catégories

  • Celle qui se nourrit du radicalisme et de l’extrémisme de façade pour des raisons diamétralement opposées à l’intérêt général ?
  • Celle qui est composée de gens qui optent pour le slogan Ashanti ‘’Dibi Ma Dibi’’ c’est-à-dire mange et donne moi aussi à manger un peu. ?
  • Celle qui se complaint dans le verbiage, la démagogie et la logomachie pour se faire remarquer.
  • Celle qui sait mobiliser et drainer des foules sur toute l’étendue du territoire

De toutes les façons, je ne comprends pas pourquoi vous dites que je fais la part belle à X et j’indexe Y.

Je suis un togolais de la rue comme de centaines de milliers d’autres et comme eux il n’est pas dans mes habitudes de laisser les choses se faire et c’est sans ostentation de ma part, j’appartiens justement à ces petits togolais qui trouve qu’il faut qu’à un moment la belle au bois dormant devra se réveiller. Nous avons notre mot à dire car l’avenir de ce pays nous appartient tous. Pourquoi y aurait-il des réseaux tous faits de pensées par lesquels il faudrait nécessairement passer pour être un démocrate convaincu ou un opposant farouche ? Si c’est cela qui fera de moi un malpropre à soumettre à la vindicte populaire tant mieux ! Bravo. Mais je vous avoue, je ne suis pas un ouvrier de la 25ème  pour détrôner Dieu au détriment des politiques de mon pays. Si X a bien fait on applaudira s’il a mal fait on le dira aussi.

A vous entendre on dirait que vous ne voulez pas clarifier votre position vis-à-vis des protagonistes de la crise.

J’ai l’impression que vous regardez mais vous ne voyez pas du tout. Ou plutôt vous me pousser à évoquer la responsabilité de l’opposition dans le retard des reformes. OK.

D’abord je vais vous épargnez des péripéties constatées dans la mise en place des divers cadres de concertation avec les coups bas et les croc-en jambes de certains partis de l’opposition pour ne retenir que l’erreur du 2014.

Il vous souvient que beaucoup de leaders politiques et d’opinion sentant la fin du second mandat du chef de l’Etat Faure GNASSINGBE (qui pour sa part tenait tranquillement la constitution de 1992 modifiée en 2002 pour rempiler  comme il le veut) ont fait une proposition rationnelle qui pourrait nous éviter ce que nous vivons aujourd’hui en proposant que l’on considère le mandat de 2015 à 2020 comme étant le dernier du locataire de Lomé II.

Proposition que UNIR pouvait rejeter mais ne l’a pas fait. Surprise c’est l’ANC de Monsieur Jean Pierre FABRE qui a dit niet. Monsieur Faure ne doit plus se présenter en 2015.

Alors un nouveau slogan est né après bulletin unique ou la mort. Ce slogan c’est pas de reformes pas d’élection. Sa suite vous la connaissez.

Vous voulez dire la suite c’est la réélection du Président Faure GNASSINGBE ?

Ce n’est pas seulement la réélection de Monsieur Faure GNASSIMGBE mais son accompagnement pour un 3ème mandat. Il a suffit que le pouvoir balance un peu de blé comme financement de la campagne pour que ce grand parti espoir de la majorité des togolais se fasse hari-kiri.

Et comme le ridicule ne tue pas, les mêmes qui ont accompagné Monsieur Faure c’est eux qui reviennent nous dire après que ce dernier ait cédé aux revendications, qu’il s’en aille. Drôle de méthodes et de stratégie politique. Qui trompe qui alors ?

Maître vous avez raison à la lumière de votre démonstration mais pensez-vous que si l’ANC a accompagné Monsieur Faure en 2015 cela vaudrait dire qu’il faut abandonner les réformes ? Bref qui a peur des réformes ?

Si nous sommes dans la situation actuelle cela est dû aux deux grands partis et je l’avais dit. UNIR et son champion ne peuvent pas à eux seuls faire les reformes de même que les partis de l’opposition siégeant à l’Assemblée Nationale. Alors il faut le consensus. Mais dans la recherche du consensus, Monsieur AGBEYOME Kodjo et Maître AGBOYIBOR ont fait une proposition qui a su tendre la main à des reformes allant dans l’intérêt supérieur de la Nation. Les propositions de ces deux anciens premiers Ministres ont été reprises et amplifiées par un groupe de médiation composé de Mme Jeannine AGOUNKE, Me Jean DEGLI, Mr Fulbert ATISSO, Mr KLUMSON-EKLU Siméon et moi-même Bertin AMEGAH-ATSYON.

Nous nous sommes évertués à convaincre l’ANC mais Hélas ! Ca n’a pas marché. Et pire on a rapidement trouvé nos poches pleines car le pouvoir nous aurait donné de l’argent. Ainsi va la République.

A la question de savoir s’il faut abandonner les réformes je dis non ! Personne n’a intérêt mais à force de chercher ce que l’on ne peut pas trouver on finit par trouver ce que l’on ne cherche pas.

Vous faites allusion à la démission du Chef de l’Etat ou  au référendum ?

Vous savez dans les revendications du PNP de mon ami ATCHADAM SALIFOU TIKPI alias TIGANA (son pseudo sur le terrain de football ou ensemble on a joué pour la faculté de droit de 1989-1991) il y a le retour à la constitution de 1992, le vote de la diaspora. Et je crois que dès le 05 Septembre 2017 le Chef de l’Etat a répondu favorablement à l’essentiel des revendications notamment le mandat présidentiel de 5 ans renouvelable une seule fois et le scrutin uninominal majoritaire à deux tours. A cela une innovation : la limitation des mandats électifs. Je crois que l’erreur monumentale commise par certains leaders du groupe des 14 c’est d’exiger la démission du Chef de l’Etat après qu’il ait concédé aux revendications du PNP.

Ce n’est pas l’ANC ni le groupe des 14 qui exige son départ, c’est le peuple souverain ?

Ah bon ! c’est quoi le peuple mon cher ami. Finalement chacun a son peuple ? Quand UNIR manifeste elle parle aussi de peuple. Alors il faut corriger cela. Moi je parlerai plutôt d’une partie de l’opinion nationale car le peuple se dégage dans les urnes  par la loi de la majorité. Raison pour laquelle le scrutin uninominal majoritaire à deux tours est souhaitable car il répond à la notion de peuple.

Même si c’est les militants de l’opposition qui demandent  le départ de Monsieur Faure Gnassingbé, le chef de fil de l’opposition ne devra pas tomber dans ce piège pour le dire urbi et orbi sur les médias. Lorsqu’une équipe de football joue elle doit avoir sa stratégie c’est-à-dire celle imprimée par l’entraineur ou le capitaine et non se fier au desiderata des supporteurs. Cela Monsieur Fabre doit le savoir étant grand sportif. Si vos supporters vous demandent de brutaliser l’adversaire au lieu de marquer des buts vous devez savoir que la finalité du match c’est celui qui a gagné et non celui qui a bien dribbler ou brutaliser sans pour autant gagner.

Qu’est ce qu’il faut pour rapprocher les acteurs politiques en vue d’un dialogue franc et sincère pour sortir de l’ornière ?

Qui vous dit que les acteurs politiques sont divisés ?

Rentrez dans leurs intimités vous les verrez sabler du bon champagne et grignoter du caviar. Certains même font des coups de fils qui, pour quémander un bon de carburant qui pour avoir les espèces sonnantes et tribuchantes.

Ce qui est primordial et s’impose comme préalable pour ramener la sérénité c’est de libérer tous ceux qui ont été arrêtés pendant les manifestations, rassurer par des actions concrètes ceux qui ont quitté leur domicile par peur des représailles  pour se réfugier dans les pays voisins ou dans la brousse.

Il fait aussi penser à ceux dont les biens immeubles et meubles sont saccagés.

Mais avant tout cela organiser une journée de deuil national sur toute l’étendue du territoire nationale pour le repos de l’âme de nos frères et sœurs civils et militaires ou forces de sécurité tirés depuis le 19 Août 2017.

Pensez ensuite à la famille de ces défunts. Je crois que ce faisant le Grand Architecte de ce monde nous accompagnera pour le reste.

Votre mot de fin

Il y a un temps pour la guerre et un temps pour la paix. Mais le temps pour la paix passe par un dialogue ferme et sincère. C’est pourquoi je lance un appel au Chef de l’Etat garant de la souveraineté nationale, garant de la continuité de l’Etat et garant de la sécurité de tous les togolais sans distinction aucune, de parler, d’agir et comme lui-même l’a dit il faut agir que de s’enfermer dans des discours, Mon Président, Notre Président Agissez pour surprendre tout le monde.

Interview réalisée par Roger AZONDJAGNI

 

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